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ET L’ANARCHIE

des traîtres, que leur trahison n’infirme en rien la justesse des idées préconisées, et nous recommencerions à présenter d’autres candidats ? — Allons donc ! Cette comparaison de la pomme pourrie qui gâte tout un panier de pommes saines est bien rebattue, mais elle est toujours vraie ; combien elle est plus vraie encore, lorsque c’est une pomme saine qu’il s’agit de mettre non plus dans un panier, mais dans tout un tombereau de pommes pourries. Nous n’avons donc pas à nous servir du suffrage universel, non seulement parce qu’il ne peut rien produire, mais surtout parce qu’il est contraire au but que nous poursuivons, — aux principes que nous défendons.


D’autres contradicteurs — et certains anarchistes avec eux — prétendent qu’en temps de révolution, il faudra — non pas l’autorité d’un chef, ils ne vont pas jusque-là — mais reconnaître la suprématie de quelqu’un et se subordonner aux aptitudes qu’on lui reconnaîtra !

Étrange anomalie, reste des préjugés dont nous sommes imbus, retour atavique de notre éducation qui fait que, proclamant la liberté à grands cris, nous reculons effrayés devant ses conséquences, arrivons à nier sa propre efficacité, et nous fait réclamer l’autorité pour conquérir… la liberté. — Ô inconséquence !

Est-ce que le meilleur moyen de devenir libres