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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

n’est pas d’user de la liberté, en agissant au mieux de ses inspirations, en repoussant la tutelle de qui que ce soit ? A-t-on jamais vu commencer par entraver les jambes de l’enfant auquel on veut apprendre à marcher ?

Il y a des choses, nous dit-on, que certains individus connaissent mieux à fond que les autres, il sera bon, avant d’agir, de consulter ces individus et de subordonner nos actes à ce qu’ils nous enseigneront.

Nous avons toujours été de ceux qui ont dit que l’action individuelle n’excluait pas l’entente commune en vue d’une action collective ; que de cette entente découlait une organisation, une sorte de division du travail rendant chaque individu solidaire d’un autre, le poussant à adapter son action à celle de ses compagnons de lutte ou de production ; mais de là à reconnaître qu’il faille que chaque individu soit forcé d’abdiquer sa volonté entre les mains de celui qu’il reconnaîtrait plus apte à telle chose convenue, il y a loin.


Quand nous allons en partie de campagne, avec de nombreux amis, par exemple, et que nous nous en remettons aux connaissances de l’un de nous pour nous mener à l’endroit choisi, s’ensuit-il que nous l’avons fait notre maître, et que nous nous sommes engagés à le suivre aveuglément, partout