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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

heures, pour tirer d’un ouvrier le bénéfice auquel il l’a taxé. Réduisez la journée de travail à huit heures le patron se trouvera lésé, ses calculs dérangés ; mais, comme il faut que ses capitaux lui rapportent tant pour cent, que son travail à lui, capitaliste, consiste à trouver ce bénéfice, acheter le meilleur marché possible et revendre le plus cher qu’il peut, en un mot, voler tous ceux avec lesquels il opère des transactions (voilà son rôle), il cherchera une combinaison nouvelle pour rattraper ce qu’on aura voulu lui enlever.

Trois moyens se présenteront à lui : ou augmenter le prix de ses produits, ou diminuer le salaire de ses ouvriers, ou bien faire produire à ce dernier, en huit heures, la même somme de travail qu’il produisait en douze.

Les promoteurs de la réforme ont paré à un de ces moyens en demandant la fixation d’un salaire minimum ; il est probable que les patrons ne se baseront guère sur l’augmentation de leurs produits, gênés qu’ils seront par la concurrence ; en tout cas, la cherté des vivres suivant la progression des salaires nous prouve que le travailleur ne tarderait pas à supporter tout le poids de la réforme, et, si le salaire actuel lui était conservé pour huit heures de travail, il serait plus misérable qu’à l’heure actuelle, car l’augmentation des objets de consommation lui rendrait ce salaire inférieur.

L’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, ne