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ET L’ANARCHIE

L’individu a droit à toute sa liberté, à la satisfaction de tous ses besoins : cela est entendu ; seulement, comme il existe plus d’un milliard d’individus sur la terre, avec des droits, sinon des besoins égaux, il s’ensuit que tous ces droits doivent se satisfaire sans empiéter les uns sur les autres, sinon il y aurait oppression, ce qui rendrait alors inutile la révolution faite.

Ce qui tend beaucoup à embrouiller les idées, c’est que l’immonde société qui nous régit, basée sur l’antagonisme des intérêts, a mis les individus aux prises les uns avec les autres, et les force à s’entre-déchirer pour s’assurer la possibilité de vivre. Dans la société actuelle, il faut être ou voleur ou volé, écraseur ou écrasé ; pas de milieu. Aujourd’hui, celui qui veut aider son voisin risque fort d’en être la dupe ; de là, pour celui qui ne raisonne pas, la croyance que les hommes ne peuvent vivre sans se combattre.

Les anarchistes, eux, disent que la société doit être basée sur la solidarité la plus étroite. Il ne faut pas, dans cette société qu’ils veulent réaliser, que le bonheur individuel puisse se réaliser, ne serait-ce que pour la plus infime de ses parties, au détriment d’un autre individu ; il faut que le bien-être particulier découle du bien-être général, il faudra, quand un individu se sentira lésé dans son autonomie, dans ses jouissances, que tous les autres individus en ressentent la même atteinte, afin qu’ils puissent y remédier.