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ET L’ANARCHIE

sère, en découvrant les causes dans la propriété, avaient le caractère porté au mal autant qu’on veut bien le dire : la société ne durerait pas une minute de plus, ce serait alors « la lutte pour l’existence » dans sa plus féroce expression, ce serait le retour à la pure barbarie. C’est précisément parce que l’homme avait des tendances vers le « mieux » qu’il s’est laissé dominer, asservir, tromper, exploiter, et qu’il répugne encore aux moyens violents pour s’affranchir définitivement.


Cette affirmation que l’homme est mal fait, et qu’il n’y a pas de changement à espérer, veut dire, si on l’analyse : « L’homme est mauvais, la société est mal faite, il n’y a rien à espérer de l’un ni de l’autre. À quoi bon perdre son temps à chercher une perfection que l’humanité ne peut atteindre, faisons notre trouée comme nous le pourrons.

Si la somme de jouissances que nous acquerrons est faite des larmes et du sang des victimes dont nous aurons semé notre route, que nous importe ? Il faut écraser les autres pour ne pas être écrasé soi-même. Tant pis pour ceux qui tombent. »

Eh bien ! que messieurs les privilégiés qui sont arrivés à étayer leur domination, à endormir les travailleurs, à les transformer en défenseurs de leurs privilèges, en leur promettant d’abord une vie meilleure… dans l’autre monde ; puis, quand on eut cessé de croire en Dieu, en leur prêchant la