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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

ment contribué à nous rendre fourbes et hypocrites et voilà tout.


Pourquoi vouloir s’entêter à réglementer ce qui a échappé à de longs siècles d’oppression ? Reconnaissons donc, une bonne fois pour toutes, que les sentiments de l’homme échappent à toute réglementation et qu’il faut la liberté la plus entière pour qu’ils puissent s’épanouir complètement et normalement. Soyons moins puritains, et nous serons plus francs, plus moraux.

L’homme propriétaire, voulant transmettre, à ses descendants, le fruit de ses rapines, la femme ayant été jusqu’ici considérée comme inférieure, et plutôt comme une propriété que comme un associé, il est évident que l’homme a façonné la famille en vue d’assurer sa suprématie sur la femme, et pour pouvoir, à sa mort, transmettre ses biens à ses descendants, il a fallu qu’il rendît la famille indissoluble. Basée sur les intérêts et non sur l’affection, il est évident qu’il fallait une force et une sanction pour l’empêcher de se désagréger, sous les chocs occasionnés par l’antagonisme des intérêts.

Or, les anarchistes, que l’on a accusés de vouloir détruire la famille, veulent justement détruire cet antagonisme, la baser sur l’affection pour la rendre plus durable. Ils n’ont jamais érigé en principe que l’homme et la femme à qui il plairait de finir leurs