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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

Ce n’est qu’arbitrairement que les femmes et les enfants, qui subissent aussi les lois, sont exclus du droit de prendre part au vote. Si nous déduisons encore ceux qui, pour une raison ou une autre n’usent pas de ce « droit », nous nous trouvons en présence d’une première minorité reconnue, très arbitrairement, comme la seule apte à choisir des maîtres pour tous.

En deuxième lieu, le jour du vote, c’est la majorité qui, théoriquement, doit décider de l’élu de la circonscription ; mais, pratiquement, le choix des électeurs se répartissant sur six, huit, dix candidats et souvent plus — sans compter ceux des électeurs qui, ne trouvant pas, dans la foule des candidats, leur opinion représentée, votent contre leur idée — l’élu n’est donc, encore ici, que le produit d’une seconde minorité.

En troisième lieu, les élus une fois réunis, c’est encore la majorité qui, théoriquement toujours, doit décider parmi eux, mais là encore les opinions se divisant en groupes, sous-groupes innombrables, il s’ensuit, dans la pratique, que ce sont de petits groupes d’ambitieux qui, se tenant entre les partis extrêmes, décident du vote par l’apport de leurs voix à ceux qui leur offrent le plus d’avantages.

On voit, par le peu que nous venons de dire, que la prétendue souveraineté de l’électeur se borne à bien peu de choses, mais il faut noter que, pour ne pas embrouiller le lecteur, nous avons simplifié