Page:Gregh - La Beauté de vivre.djvu/16

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C'était, clairs reflets d’eaux, écume, éclairs d’écailles, Comme un chalut d’argent aux merveilleuses mailles. Et devant ces pêcheurs, j’ai songé, plein d’ennui : Ils sont partis hier, ils ont passé la nuit Sur les vagues, dans le suroît qui faisait rage, Ils ont lutté toute la nuit contre l’orage… Et maintenant, les yeux aveuglés par l’embrun, Flagellés par les flots sous leur lourd ciré brun, Les mains gourdes, lassés par l’attente nocturne, Ils font sans fin le même geste taciturne De tirer le filet tout visqueux de poissons Ou de haler la ligne aux sanglants hameçons. A sa place, les doigts meurtris, vaille que vaille, Les pieds dans l’affreux sang rose, chacun travaille, Morne, les yeux pleurant des larmes de sommeil, Sous l’éblouissement douloureux du soleil. Puis, à l’heure immobile où la mer apaisée Flamboie et chauffe ainsi qu’une plaque embrasée, Après un long labeur rude, et peut-être vain, Tout brisés de fatigue, ayant soif, ayant faim,