Page:Grenet, Mémoire sur les moyens de conserver la pomme-de-terre sous la forme de riz ou vermicel, 1794.djvu/34

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(3) Ressource qui étoit même nulle du tems do l’ancien régime pour la » cultivateur dont les possessions se trouvoient près des forêts ci-devant royales destinées aux plaisirs des despotes, comme aux reins de celles de Saint-Germain, Compiègne, Fontainebleau, &c. et qui n’avoient ni les moyens, ni pu obtenir la permission d’enclore leurs possessions pour les garantir du sanglier. Cet animal bouleversoit tout son champ pour les lui ravir. Aujourd’hui, grace soit rendue à la révolution, elle est cause que l’ennemi le plus redoutable à l’Agriculture, le gibier, est détruit, ensorte qu’on peut maintenant cultiver cette racine auprès des forets nationales, avec espoir de la récolter.

(4) On peut les conserver d’une récolte à l’autre, en les faisant, au printems, transporter de la cave ! dans un grenier, où elles y sont étalées isolées. Tous ceux qui ont parlé de ce moyen, s’accordent à le confirmer.

(5) Si vous laisser plus long-rems les pommes-de-terre se ressuyer, il se formera à leur superficie, et sur-tour si le tems est au sec, une croûte que vous serez obligé d’ôter avant de les passer à la filière, ce qui occasionnera un déchet.

(6) Quelques personnes ont déjà prétendu que je n’avois rien imaginé pour la construction de mon instrumcnt, parce qu’il en étoit décrit un semblable dans un des ouvrages de Parmentier. Ce soupçon de plagiaire, qui est sensible à tout homme honnête et délicat, m’obligea de compulser de nouveau les ouvrages de cet auteur célèbre, et le hasard me fit trouver dans la bibliothèque de l’artiste qui grave mes planches, l’ouvrage dont est question, que je suis bien-aise d’avoir lu pour pouvoir l’indiquer moi-même au public[1] ; il est véritablement dit, page 160, « on s’est servi avec beaucoup de succès, en Alsace et en Suisse, d’un instrument propre à broyer la pomme-de-terre ; c’est un tube cylindrique dont le fond est perce de petits trous, comme une écumoire, et à travers lequel on fait passer la pomme-de-terre bouillie, après l’avoir pelée et mise à sécher lentement ; il en résulte une espèce de vermicel… ».

  1. Son titre est : Recherches sur les végétaux nourrissons qui, dans les tems de disette, peuvent remplacer les alimens ordinaires, avec de nouvelles observations sur la culture de la pomme-de-terre, in-8° de 599 pages, édit. 1781, imprimerie ci-devant royale. A la fin de cet intéressant ouvrage, dont j’aurois donné quelques fragmens, si je l’eusse connu plutôt, est la description et la gravure du moulin-rape, fort ingénieusement imaginé par Ravelet ; pour obtenir la fécule de pommes-de-terre.