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155 VISION


« Que le clairon résonne, il se relève, il part.

Il court, combat, triomphe, et sa main la première

Sur l’ennemi vaincu plante son étendard.


« Car c’est lui maintenant qui porte la lumière

Qu’autrefois l’Italie a tenue en sa main.

Quand la nuit du chaos couvrait l’Europe entière.


« C’est lui qui vers le but montre à tous le chemin,

Et qui dans les sillons de ce siècle timide

Sème les vérités qui germeront demain.


« Relève donc le front et ta paupière humide !

Le mal comme le bien a son aspect trompeur.

Et souvent dans l’excès du mal le bien réside.


« Les peuples les plus forts ont eu cette torpeur ;

Mais un grand cœur revient tôt ou tard à lui-même ;

Et le temps est chargé de démentir ta peur. »


C’est ainsi que parla le poète suprême ;

Et, quoique délivré de mon chagrin cuisant.

Je méditais toujours le douloureux problème.


Et je lui répondis : « O Maître bienfaisant.

Mon cœur s’ouvre à ta voix et mon chagrin s’envole !

J’accepte, et désormais je comprends le présent.