Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/109

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Assis sur les derniers gradins du cirque immense,
Je laissais déborder mes rêves en silence.
Ces murs où s’asseyait jadis le peuple-roi,
Ces murs vainqueurs du temps étaient moins vieux que moi
J’avais vu les Hébreux les bâtir pierre à pierre,
Et leur Jérusalem gisait dans la poussière !
Sur ce sable, où la lune endormait ses rayons,
J’avais vu les martyrs broyés par les lions,
Aux clameurs que poussait l’immense multitude.
Maintenant quel silence et quelle solitude !
L’araignée a tendu ses fragiles réseaux
Dans l’antre où les lions se heurtaient aux barreaux !
Où glissait dans le sang le pied du belluaire
L’Église triomphante a fait un sanctuaire ;
Et sur le sol témoin des chrétiens massacrés
La croix victorieuse étend ses bras sacrés !