Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/111

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Les étoiles, le ciel, l’air, la terre à la fois,
Tout sembla s’animer et tout prit une voix.
Les arbres qui croissaient au penchant des ruines,
Sous un souffle inconnu pliant sur leurs racines,
Couchèrent sur les murs leur feuillage mouvant,
Comme s’ils s’inclinaient devant le Dieu vivant.
Des voix planaient dans l’air comme un appel suprême ;
La rosée, en tombant, semblait me dire : « Aime ! aime ! »
La brise à mon oreille, expirant en soupir,
Y laissait ces deux mots : « Amour et repentir ! »
La mousse, sous mes pieds, d’une haleine attendrie,
Murmurait doucement : « Repens-toi, pleure et prie ! »
Les étoiles du ciel, dans leur langue de feu,
Me criaient : « À genoux ! ton vainqueur est un Dieu ! ?
Et les pleurs qui tombaient du travertin sonore
Répondaient : « À genoux ! Pourquoi tarder encore ? »