Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
▬ 113 ▬

Moi, je fais comme lui. Ton récit fut austère :
Mais il fit devant moi passer toute la terre ;
Et je sens mes désirs, mes rêves d’autrefois,
Comme un feu mal éteint s’aviver à ta voix.
Il en est un surtout ! son ardeur insensée
A fait souvent la nuit chanceler ma pensée
Au bord de cet abîme où Dieu mit les confins
De l’esprit des mortels et des anges divins.
Ton récit vient encor d’en attiser la flamme,
Et si je ne craignais de contrister ton âme
Par le retour forcé d’un amer souvenir,
Je te prierais encore d’apaiser ce désir !

— Parle ! ouvre-moi ton cœur, me dit-il ; ma pensée
A trop souffert pour craindre encor d’être blessée.