Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/127

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— Eh bien ! lui répondis-je, et puisque tu le veux,
Je vais te révéler ce plus cher de mes vœux :
C’est de voir par tes yeux le Sauveur de la terre,
Tel que dans ta mémoire, où nul trait ne s’altère,
Tu le revois sans doute et que tu le peindrais ;
Car toi seul des vivants as contemplé ses traits ;
Toi seul de cette image as pu garder la trace.
Oh ! que ne l’ai-je aussi contemplé face à face !
Que n’ai-je au bord des lacs, sur le sommet des monts,
De sa lèvre divine aspiré les sermons !
Que n’ai-je de ses pieds adoré la poussière,
Foulé le même sol, vu la même lumière,
Bu l’air qu’il respirait, et d’un pieux larcin
Baisé timidement sa tunique de lin !
Combien de fois ce rêve a hanté ma jeunesse !
Combien de fois, le cœur accablé de tristesse,