Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/128

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Penchant sur l’Évangile un front découragé,
Et regardant la vie ainsi qu’un naufragé,
N’ai-je pas cru le voir, sous ma lampe incertaine,
Comme autrefois au puits de la Samaritaine,
Assis auprès de moi sur le bord de mon lit !
Son regard ineffable où tant d’amour se lit
Pénétrait tout mon être et versait dans mon âme
La paix et la tendresse ainsi qu’un sûr dictame ;
Et mes premiers ennuis et mes jeunes chagrins
Se fondaient aux rayons de ces regards divins !
Depuis deux fois mille ans la terre pécheresse
S’est prise pour le Christ d’une immense tendresse,
Et répand, à genoux, les cheveux éplorés,
Ses fleurs et ses parfums sur ses pieds adorés.
Depuis plus de mille ans, les saints et les artistes
Veulent fixer ses traits majestueux et tristes.