Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/129

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Chaque âge s’exerçant sur ce thème sans fin
N’a rendu qu’un côté du modèle divin ;
Et toujours quelque part, sur le marbre et la toile,
L’homme par trop charnel trahit le Dieu qu’il voile.
J’ai fouillé vainement ces reliques de l’art ;
Ce Christ que j’ai rêvé n’existe nulle part !
Toi donc, toi qui l’as vu sous sa forme mortelle,
Quand il vint apporter la céleste nouvelle,
Pais-m’en par la parole un fidèle portrait ;
Mets-le devant mes yeux ; rends-le-moi trait pour trait,
Tel que tu dois toujours le revoir en idée,
Tel que sous les palmiers l’admira la Judée.
Dis-moi quel vêtement tombait sur ses genoux,
Si son front était pâle et bien plus haut que nous,
Quelle était sa démarche et sa voix et son dire
Quand il parlait au peuple, et s’il savait sourire ;