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Ruisselaient de longs pleurs comme au bord des fontaines.
L’eau, se frayant un lit éphémère et nouveau,
S’élançait en cascade ou glissait en ruisseau.
Les arbres, les buissons, mouillés par la tempête,
Frissonnaient au soleil et secouaient leur tête.
Les oiseaux sous la feuille humide encor des bois
Joyeux battaient de l’aile et retrouvaient la voix.
Hommes, bêtes, oiseaux, tous quittaient leur refuge.
C’est ainsi qu’autrefois, au sortir du déluge,
Du haut de l’Ararat le monde nouveau-né
Chantait l’hymne de grâce au ciel rasséréné.

Cependant, par les soins du vieux pâtre robuste,
Un lit fait de mélèze et de branches d’arbuste,
Recevait d’Ahasver ce qui restait encor.