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Chargés de ce fardeau, d’un pas réglé d’accord,
Nous gravîmes tous deux le sentier à mi-côte,
Qui gagne en serpentant la cime la plus haute.
Nous marchions sans mot dire en mesurant nos pas ;
Car l’œil plongeait parfois sur l’abîme d’en bas.
L’orage avait rendu l’étroit sentier glissant,
Et le fardeau sacré devenait plus pesant.
Les rameaux des sapins, au bord de notre route,
Sur le front d’Ahasver pleuraient à large goutte ;
L’oiseau le saluait de petits cris joyeux.
Plus tard, oiseau, buissons, disparurent aux yeux.
Plus de fleurs, l’herbe même était rare et menue.
Nous entrâmes bientôt au milieu de la nue.
Le but se rapprochait ; et déjà le sentier
Côtoyait les pieds bleus de l’éternel glacier.
« C’est ici ! » dis-je au pâtre ; et nos bras, sans secousse,