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Posèrent Ahasver sur un plateau de mousse.
Là, le vieillard et moi, nous creusâmes le sol
Que l’orage nocturne avait rendu plus mol.
Quand la fosse funèbre eut une longueur telle
Qu’elle pût contenir la dépouille mortelle,
J’y reçus Ahasver, et sur son dernier lit,
Ma main pieusement, doucement, l’étendit.
Puis je roulai sur lui cette terre infertile,
Poussière de granit, l’argile sur l’argile !
Ô prodige ! pendant que je le recouvrais,
Le céleste sourire augmenta sur ses traits.
Un étrange bonheur rayonnait sur sa bouche.
On eût dit qu’étendu sur sa dernière couche,
Ce vieux corps, fatigué par vingt siècles d’effort,
Goûtait encore mieux le bienfait de la mort.