Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/24

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Chaos d’Alpes en feu de forme dénuées,
Où tous les vents du ciel, se frayant des sillons,
D’invisibles boulets trouaient ces bataillons.
Afin de retarder leur marche sûre et lente,
Le soleil, tout couvert d’une pourpre sanglante,
Comme un héros qui meurt en combattant encor,
Faisait de ses rayons autant de flèches d’or,
Et semblait contenir par le respect surprises
Au bord de l’horizon leurs masses indécises.

Quand je quittai des yeux ce poëme du soir
Que Dieu varie au ciel chaque jour, je pus voir
Partout les précurseurs d’un infaillible orage :
Les cimes des forêts se heurtaient avec rage ;
À leurs pieds, les grands bœufs qui paissaient dispersés