Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/75

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Et jusqu’à ce que Dieu ferme enfin l’avenir,
Mon cœur en gardera le poignant souvenir !
Il mourut au moment, au jour anniversaire
Où le Christ était mort pour tous sur le Calvaire.
Je reconnus le Dieu dans ses terribles coups ;
Mais je ne pliai pas devant lui les genoux.
L’horreur seule cloua mon front dans la poussière.
Un autre de mon fils dut fermer la paupière ;
Et quand on l’emporta roulé dans son linceul,
Je restai seul, sans fils, sans amis, seul, tout seul !

« Sans amis ! L’homme est fait pour vivre avec les hommes.
Ils ont beau nous blesser, débiles que nous sommes,
Il faut nous réunir, comme l’on voit les blés
Serrer sous l’aquilon leurs épis rassemblés.