Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/89

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J’allai, sans perdre au loin ma course vagabonde,
Droit à Rome, ce centre et ce pivot du monde,
Ce gouffre insatiable où tout aboutissait,
Où l’or, le sang, l’honneur de tous s’engloutissait.
Là, perdu dans les flots de cette foule immense,
Je voulus rebâtir ma nouvelle existence,
Et, sans être ébloui par toutes ces splendeurs,
Je repris à l’écart mon rêve de grandeurs.
« L’empire, me disais-je, appartient à la force.
Ce chêne antique est mort ; il n’a plus que l’écorce ;
La sève des vieux jours n’y monte plus au cœur ;
La vertu n’est qu’un nom et le glaive est vainqueur.
De vils prétoriens offrent l’empire à vendre.
Pourquoi, quand avec l’or chacun y peut prétendre,
Dans ma vie éternelle et ses mille hasards,
Ne vêtirais-je pas la pourpre des Césars ? »