Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/90

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« Voilà ce que rêvait mon cœur encor crédule.
Mais Dieu, pour dissiper ce songe ridicule,
Ne fit qu’abandonner au temps l’ambitieux.
Il fallut peu de jours pour dessiller mes yeux.

« Deux malédictions s’attachaient à ma trace :
Celle de ma personne et celle de ma race.
Un Juif faisait horreur au plus vil des Romains ;
Un Juif était partout le rebut des humains.
Ainsi je n’avais fait que prolonger ma chaîne,
Et ma patrie au loin m’atteignit de sa haine !
Ainsi je n’avais fait, en changeant de pays,
Que de changer d’affronts, d’insultes, de mépris !
Alors, sans renoncer à ma grandeur future,