Page:Gresset - Ver-vert ou le voyage du perroquet de Nevers, 1735.djvu/16

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il puisse y jouir de sa gloire,
et se prêter à de tendres souhaits.
La lettre part. Quand viendra la réponse ?
Dans douze jours. Quel siécle jusques là !
Lettre sur lettre et nouvelle semonce :
on ne dort plus : sœur Cecile en mourra.
Or, à Nevers, arrive enfin l'epitre.
Grave sujet : on tient le grand chapitre.
Telle requête effarouche d' abord.
Perdre Ver-Vert ? ô ciel ! Plûtôt la mort.
Dans ces tombeaux, sous ces tours isolées,
que ferons-nous si ce cher oiseau sort ?
Ainsi parloient les plus jeunes voilées

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dont le cœur vif, et las de son loisir
s'ouvroit encore à l'innocent plaisir ;
et, dans le vray, c'étoit la moindre chose
que cette troupe étroitement enclose
à qui, d'ailleurs, tout autre oiseau manquoit,
eût pour le moins un pauvre perroquet.
L'avis, pourtant, des meres assistantes,
de ce sénat antiques présidentes,
dont le vieux cœur aimoit moins vivement,
fut d'envoyer le pupile charmant
pour quinze jours ; car, en têtes prudentes,
elles craignoient qu'un refus obstiné
ne les broüillât avec nos sœurs de Nantes ;
ainsi jugea l'etat embeguiné.
Après ce Bill des miledis de l'ordre,
dans la commune, arrive grand désordre :
quel sacrifice !