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NOTICE SUR GBISIER.


la sienne par un coup d’épéeâ un maître d*armes, ce qui est vraiment une démonstration lucide ad hominem (1).

Ceci se passait vers 1814, à Tépoque où toutes les épées, même celle de Napoléon, rentraient au fourreau. Grisier, dans cette dernière lutte de la France, avait payé aa dette à lu patrie. Garde national, il avait pris les armes, s’était rendu aux avantpostes français. Sa brillante conduite y attira l’attention du comte Desfourneaux, cet officier général demanda pour lui la décoration au maréchal Davoust.

Grisier pouvait se faire un programme avec son épée ; il préféra voyager. Et remarquez , je vous prie, qu’il ne s’occupait pas seulement d’armes. Il était fou de musique et de lecture ; il eût pu mettre à la fois dans sa valise de voyage le traité de La Boëssière et tous les almanachs poétiques du temps ; il savait déjà tous les beaux esprits de Tempire sur le bout du doigt. Un moment il avait songé au théâtre. Florence, le premier professeur de son temps, Florence, qui passait pour dire admirablement le récit de la Mort (1) Les paroles écrites par Grisier à un autre professeur prouvent assez qu’il comprenait déjà la dignité de son art. Persiflé dans un dîner et devant les premiers amateurs d’escrime , il écrivit à son agresseur une lettre qui se terminait ainsi : N’oubliez jamais , monsieur, que dans notre art lorsqu’on veut persifler, il faut toujours que ce soit Fépée à la main. Je vous attends avec la vôtre. Dans une autre occasion , provoqué par un ami , Grisier opposa un refus en raison de leur ancienne intimité. — Je vois bien, reprit l’adversaire, que les maîtres d’armes ont toujours ciraint l’odeur de la poudre. — J’accepte alors, dit Grisier ; et après deux coups de feu échangés, lorsqu’on allait recharger les armes, Grisier, auquel on demanda s’il voulait la mort de son ami , répondit qu’il ne s’était battu que pour l’honneur du corps. On les réconcilia.