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avertissement

la floraison du Bouddhisme. Le Bouddhisme que des nécessités d’exposition nous ont fait rejeter après le Vedânta et le Sâmkhya est en réalité antérieur au Vedânta, contemporain des premières ébauches du Sâmkhya, et contemporain même des dernières Upanishads. Aux environs de l’ère chrétienne et au commencement du moyen âge, ce n’est pas le Vedânta qui a disputé au Bouddhisme l’empire des intelligences, c’est le Sâmkhya. Un peu plus tard est venu le plein développement du Nyâya-Vaiçeshika qui apparaît à certains égards comme une critique des méthodes du Bouddhisme et de celles du Sâmkhya. Plus tard enfin est venue l’époque classique du Vedânta (Çankara, VIIIe siècle). Mais si le Vedânta a triomphé du Bouddhisme, c’est en lui empruntant une partie de ses conceptions, en l’absorbant inconsciemment : Le système Mâyâvadin de Çankara n’est-il pas à certains égards, comme une transposition orthodoxe de l’idéalisme Yogâcâra et même de l’Illusionisme des Çûnyavâdins ?

Mais dans un ouvrage d’exposition générale, l’essentiel est de faire clair. La méthode historique risquerait ici, en enchevêtrant les doctrines, d’en faire perdre à tout instant le fil conducteur. Mieux vaut, tout compte fait, s’en tenir à la filiation logique des grands systèmes, quitte à signaler au passage les emprunts latéraux et les interdépendances historiques.

Une autre explication : On ne trouvera dans cet ouvrage sur la pensée orientale aucune mention des doctrines théosophiques contemporaines. C’est que l’auteur a cru devoir borner sa tâche à l’exposé des doctrines hindoues elles-mêmes, dans ce qu’elles eurent de