Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/106

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à une mort éternelle ? Les âmes des justes qui jusqu’à sa passion étaient demeurées renfermées dans les cachots de l’enfer, furent relâchées à sa venue ; descendant aux enfers, il fit entrer dans leurs ténèbres une lumière nouvelle, et emmena avec lui les âmes de ces justes, afin qu’ils ne fussent pas plus longtemps affligés d’une pareille détresse, d’après ces paroles, et les morts se relèveront dans leurs sépulcres. » Et le prêtre dit : « Comment des os réduits en poussière pourraient-ils être ranimés de nouveau, et refaire un homme vivant ? » Et je lui répondis : « Nous croyons qu’il ne sera pas difficile à Dieu de ressusciter à la vie l’homme réduit en poussière, et dispersé dans les eaux et sur la terre par la violence des vents. » Le prêtre répondit : « Je crois que vous errez grandement, en tâchant de soutenir par des paroles mielleuses une fausseté très difficile à croire, lorsque vous dites qu’on verra ressusciter celui qui a été déchiré par les bêtes, plongé dans les eaux, dévoré par la gueule des poissons, réduit en excrémens, rejeté par la digestion, ou décomposé en séjournant dans l’eau, ou détruit dans la terre par la putréfaction. » Je lui répondis : « Tu as mis en oubli, je crois, ce que dit dans son Apocalypse Jean l’évangéliste, qui a reposé sur le sein du Seigneur, et dévoilé les secrets des saints mystères : Alors, dit-il, la mer rendit les morts qui étaient ensevelis dans ses eaux[1]. D’où il est manifeste que ce que les poissons ont dévoré du corps humain, ce que les oiseaux ont enlevé, ce que les bêtes féroces ont englouti,

  1. Apocalypse, chap. 20, v. 13.