Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/133

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voyait-on reluire autant qu’en donne le croissant au cinquième jour de la lune. Il y eut en automne de grandes pluies et de violens tonnerres ; les eaux grossirent extraordinairement. Le Vivarais et la ville d’Avignon furent dévastés par une peste cruelle.

La seizième année de Childebert [en 591] et la trentième du roi Gontran il vint à la ville de Tours un évêque, nommé Simon, arrivant des pays d’outre-mer. Il nous annonça la destruction de la ville d’Antioche, et affirma qu’il avait été emmené captif d’Arménie en Perse. Le roi des Perses avait fait une irruption en Arménie, avait enlevé du butin et consumé les églises par le feu ; il avait emmené en captivité, comme nous l’avons dit, cet évêque et tout son peuple. Les Perses s’efforcèrent de mettre le feu à la basilique des quarante-huit saints martyrs mis à mort dans ce pays et dont j’ai parlé dans le livre des Miracles. Ils la remplirent donc d’un amas de bois mêlé de pois et de graisse de porc, et y appliquèrent des torches allumées ; mais le feu ne put jamais prendre à ce qu’ils avaient préparé ; en telle sorte que voyant les grandes merveilles de Dieu ils s’éloignèrent. Un certain évêque ayant appris la captivité de celui dont nous avons parlé envoya par ses gens une rançon au roi de Perse. Le roi ayant reçu la rançon délivra l’évêque des liens de la captivité. En quittant ce pays il vint dans les Gaules où il reçut quelques consolations des âmes dévotes, et nous raconta ce que nous venons de rapporter. Il y avait à Antioche un homme très adonné à l’aumône, ayant une femme et des enfants. Jamais, depuis qu’il avait commencé à posséder quelque chose en propre, il n’avait passé un jour de sa vie sans quel-