Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/135

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et toute ta maison sont sauvés ; aucun d’entre eux n’a péri, tu as été préservé par l’assiduité de tes oraisons et la charité que tu exerces journellement envers les pauvres. » En parlant ainsi ils disparurent de devant ses yeux et il ne les vit plus. Il rentra dans la ville et en trouva la moitié tombée et renversée sur les hommes et les troupeaux, dont un grand nombre ne purent être retirés que morts de dessous les ruines, et très peu en sortirent vivants et fort blessés. Mais ce que l’ange du Seigneur avait dit à cet homme ne fut en rien trouvé faux, car, de retour à sa maison, il la trouva dans aucun mal et pleura la mort de ses proches qui avaient péri dans les autres maisons. Au milieu des impies, la main de Dieu l’avait protégé avec sa famille ; il fut sauvé du danger de la mort, comme il est rapporté que Loth l’avait été autrefois dans Sodome.

La maladie dont j’ai souvent parlé envahit dans les Gaules la province de Marseille, et une grande famine désola les pays d’Angers, de Nantes et du Mans. Ce fut le commencement de ces douleurs semblables à celles dont le Seigneur a dit dans son Évangile : Il y aura, en divers lieux des pestes et des famines et des tremblemens de terre, et il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes, qui feront de grands prodiges et des choses étonnantes jusqu’à séduire même, s’il était possible, les élus[1]. Ce fut ainsi qu’il en arriva en ce temps. Il y eut un homme de Bourges, comme il l’a dit lui-même ensuite, qui étant entré dans les forêts, afin d’y couper du bois dont il avait besoin pour quelque ouvrage, fut entouré d’un essaim de mouches, en sorte qu’il en

  1. Évan. sel. S. Math. chap. 24, v. 7, 24.