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CHRONIQUE

avec vigueur ; mais le combat s’engagea sans prudence. La jeunesse du roi Sigebert en fut la cause, les uns voulant combattre le même jour, les autres attendre au lendemain, et les avis demeurant ainsi fort divisés. Ce que voyant les ducs Grimoald et Adalgise, et pressentant du danger pour Sigebert, le gardèrent avec grand soin. Bobon duc d’Auvergne, avec une partie des troupes d’Adalgise, et Ænovale comte du Sundgau, avec les gens de son pays, et beaucoup d’autres corps de l’armée, s’avancèrent aussitôt à la porte du camp pour attaquer Radulf. Mais Radulf, en intelligence avec quelques ducs de l’armée de Sigebert, sachant qu’ils ne voulaient pas se jeter sur lui avec leurs troupes, sortit par la porte du camp, et se précipitant avec ses guerriers sur l’armée de Sigebert, en fit un carnage extraordinaire. Les gens de Mayence trahirent dans ce combat : on rapporte qu’il périt un grand nombre de milliers d’hommes. Radulf ayant remporté la victoire rentra dans son camp. Sigebert, saisi, ainsi que ses fidèles, d’une douleur extrême, restait assis sur son cheval, pleurant abondamment et regrettant ceux qu’il avait perdus. Le duc Bobon, le comte Ænovale, d’autres nobles et braves guerriers, et la plus grande partie de l’armée qui les avait suivis à ce combat, avaient été tués, à la vue de Sigebert. Frédulf, domestique qu’on disait ami de Radulf, périt également la nuit suivante. Sigebert demeura avec son armée sous ses tentes, non loin du camp ennemi. Le lendemain, voyant qu’il ne pouvait rien contre Radulf, il lui envoya des messagers, afin de pouvoir repasser le Rhin en paix : Sigebert s’étant accordé avec Radulf, re-