Page:Guizot - Sir Robert Peel, 1859.djvu/11

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Ils se partagent inévitablement entre les deux principes, le mouvement et la résistance. Ce fut en 1789 la fortune de l’Angleterre que, depuis plus d’un siècle, ces deux principes s’y étaient incorporés et organisés dans deux grands partis politiques portés et exercés tour à tour au gouvernement de leur pays. L’exercice contrôlé et contesté du pouvoir enseigne la sagesse, et c’est en gouvernant les autres qu’on apprend le mieux à se gouverner soi-même. Nous avions en France, en 1789, des amis passionnés et des adversaires alarmés de la liberté et du progrès social, les uns et les autres également livrés, sans expérience ni mesure, à leurs désirs ou à leurs terreurs. L’Angleterre avait des whigs et des torys accoutumés à se régler eux-mêmes en combattant leurs rivaux. C’est la liberté politique qui l’a préservée de la révolution.

Né le 5 février 1788[1], Robert Peel eut en naissant sa part de cet heureux privilège de son pays ; il fut dispensé de choisir lui-même sa foi et son drapeau. Il naquit tory. Non qu’il appartint à l’une de ces grandes familles où les opinions et les devoirs politiques se transmettent héréditairement comme une portion des biens et de l’honneur de la maison. Il était issu d’une ancienne famille bourgeoise et saxonne établie d’abord dans le comté d’York, puis dans celui de Lancaster, et adonnée tour à tour à l’agriculture

  1. Dans un cottage voisin de Chamber-hall, maison de son père qui se trouvait dans ce moment en état de réparation,—aux environs de Bury, dans le comté de Lancaster.