Page:Guizot - Sir Robert Peel, 1859.djvu/9

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leur esprit, et à l’impertinence de ceux qui se donnent les airs de mépriser l’esprit humain, comme s’ils en avaient eux-mêmes un autre.

« Sage et glorieux conseiller d’un peuple libre : » ainsi, le lendemain de sa mort, on le qualifiait dans son pays. J’ajouterai, aussi heureux que glorieux ; heureux dans ses derniers jours comme dans le cours de sa vie, malgré l’accident lamentable qui l’a si fatalement terminée. Pendant quarante ans, sir Robert Peel a été debout dans l’arène politique, toujours combattant et le plus souvent vainqueur. La

  • veille de sa mort, il était encore debout, mais en paix,

à sa place dans le Parlement, répandant sans combat, sur la politique de son pays, les lumières de sa sagesse, et jouissant avec sérénité de son ascendant accepté de tous. Π est mort pleuré à la fois de sa souveraine et du peuple, et respecté, admiré des adversaires qu’il avait vaincus comme des amis qui avaient vaincu avec lui.

Dieu accorde rarement à un homme tant de faveurs. D avait comblé sir Robert Peel, à sa naissance, des dons de l’esprit comme de la fortune. Il l’avait placé dans un temps où ses grandes qualités ont pu s’employer avec succès à de grandes choses. Après le succès, il l’a rappelé à lui soudainement, sans déclin de force ni de gloire, comme un noble ouvrier qui a fait sa tâche avant la fin du jour, et qui va recevoir sa récompense suprême du maître qu’il a bien servi.

Quel temps que celui où sir Robert Peel est entré