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GENÈSE DE L’IDÉE DE TEMPS

reproduction demande plus de temps et la série des événements paraît elle-même plus longue. Il en est ici comme dans le cas de deux lignes horizontales également longues, mais dont la seconde est hachée de traits verticaux qui la coupent : la seconde paraît plus longue ; c’est que l’œil en la parcourant est arrêté par les divers traits et, le mouvement du regard étant ainsi ralenti, la ligne acquiert un surplus illusoire de longueur. Des phénomènes d’optique analogues se produisent pour le temps. Mais c’est là un des éléments d’explication, non le tout.

Dans les expériences psycho-physiques sur l’appréciation de la durée des battements chronométriques, on remarque que le point où l’intervalle de temps apprécié est, en moyenne, égal à l’intervalle de temps réel et le reproduit fidèlement, est autour de 0,72 de seconde ; or, c’est aussi la valeur moyenne de la durée nécessaire en général pour la reproduction par la mémoire ou représentation. Une vitesse de 3/4 de seconde environ est donc celle où les processus de reproduction et d’association s’accomplissent le plus facilement. De là Wundt conclut que, quand nous avons à nous représenter des temps objectifs plus longs ou plus courts, nous essayons invo-