saisons, ou, artificiellement, aux battements isochrones du pendule.
La poésie du temps, avec ses illusions, vient d’abord de ce que nous idéalisons les choses passées. Un idéal est une forme qui ne conserve que ce qu’il y a de caractéristique et de typique, avec élimination des détails défavorables et augmentation d’intensité pour les détails favorables ; or le temps, par lui-même et par lui seul, est un artiste qui idéalise les choses. En effet, nous ne nous rappelons des choses passées que les traits saillants et caractéristiques ; les menus détails, qui se font opposition les uns aux autres, disparaissant par cela même, il ne surgit que ce qui eut de la force, de l’intensité, de l’intérêt. C’est l’équivalent de la vision dans l’espace pour les effets de lointain. Les représentations vives et grandes subsistent seules. Si l’œil apercevait à la fois tous les petits détails d’un paysage il n’y aurait plus de vrai paysage, mais un pêle-mêle de sensations toutes sur le même plan. L’œil est un peintre, et un peintre habile. De même pour l’œil intérieur, qui voit les choses à distance dans le temps.
En outre, cet effet d’idéalisation s’accumule et s’accroît avec le temps même, comme par