Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/40

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comme d’habitude, il l’apaisa avec des excuses pleines de bonne humeur.

— C’est correct. C’est correct. Je ne le ferai plus ; mais vous aviez coutume d’entendre la risée, Azalma. Il faut entendre la risée quand on reçoit à sa table des jeunesses comme moi.

Maria sourit et songea que son père et lui se ressemblaient un peu ; tous deux hauts et larges, gris de cheveux, des visages couleur de cuir, et dans leurs yeux vifs la même éternelle jeunesse que donne souvent aux hommes du pays de Québec leur éternelle simplicité.


Ils partirent presque de suite après la fin du repas. La neige fondue à la surface par les premières pluies et gelant de nouveau sous le froid des nuits était merveilleusement glissante et fuyait sous les patins du traîneau. Derrière eux, les hautes collines bleues qui bornaient l’horizon de l’autre côté du lac Saint-Jean disparurent peu à peu à mesure qu’ils remontaient la longue courbe de la rivière.

En passant devant l’église, Samuel Chapdelaine dit pensivement :

— C’est beau la messe. J’ai souvent bien du regret que nous soyons si loin des églises. Peut-être que de ne pas pouvoir faire notre religion tous les dimanches, ça nous empêche d’être aussi chanceux que les autres.