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public ce qu’il n’avait d’abord fait que pour lui-même, en un mot à la conception d’un journal, c’est-à-dire, pour nous servir de la définition de Camusat[1], d’un ouvrage périodique qui, paraissant régulièrement au temps marqué, annonçât les livres nouveaux ou nouvellement réimprimés, donnât une idée de leur contenu, et servît à conserver les découvertes qui se font dans les sciences ; bref un ouvrage où l’on recueillît tout ce qui arrive journellement dans la république des lettres : « Idée si neuve et si heureuse, dit Fontenelle, et qui subsiste encore aujourd’hui avec plus de vigueur que jamais, accompagnée d’une nombreuse postérité[2]. »

L’entreprise de M. de Sallo, qui nous semble aujourd’hui si simple, eut dans son temps toute l’importance d’une découverte. Aussi fut-elle accueillie par les applaudissements unanimes ; on s’étonna même, tant l’idée était simple et féconde à la fois, qu’on eût été jusqu’au milieu du XVIIe siècle sans s’aviser d’un projet si propre à hâter les progrès de la science. Mais aussi, comme il arrive presque toujours en pareil cas, il ne manqua pas de se ren-

  1. Dans son Histoire critique des Journaux, qui n’est proprement, comme nous l’avons déjà dit, que l’histoire du Journal des Savants, et que nous aurons souvent occasion de citer dans cet article.
  2. Nous avons cité, dans notre introduction (p. 20, note), la définition que l’Encyclopédie donne du mot journal ; le Dictionnaire de Trévoux dit, dans le même sens : « Les journaux des savants ont été inventés pour le soulagement de ceux qui sont ou trop occupés ou trop paresseux pour lire les livres entiers. C’est un moyen de satisfaire sa curiosité et de devenir savant à peu de frais. Ils gâtent par là bien des gens ; néanmoins comme ce dessein a paru très-commode et très-utile, il a été continué sous des titres différents. »