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contrer d’habiles gens qui contestèrent à M. de Sallo le mérite de l’invention. Quelques-uns voulurent en attribuer l’honneur au père Jacob, qui pendant dix ans publia une bibliographie parisienne, c’est-à-dire une liste des livres qui s’imprimaient à Paris. D’autres, remontant jusqu’au IXe siècle, prétendirent qu’il avait trouvé le modèle de son journal dans la Bibliothèque de Photius. Ces controverses occupèrent assez longtemps les savants, comme c’était le privilège alors de toutes les controverses de ce genre, mais elles ne pouvaient entamer la gloire qui revient à Sallo ; les prétentions de ses adversaires n’étaient pas plus soutenables l’une que l’autre. « Un simple catalogue, dit Camusat, ne peut guère mériter à un homme la glorieuse qualité d’inventeur des journaux. » Quant à l’ouvrage de Photius, il a intrinsèquement une valeur incontestable, mais il ne saurait davantage être assimile à un journal. Le savant patriarche s’est borné à analyser quelques auteurs grecs qu’il avait lus dans son ambassade d’Assyrie et à en faire des extraits qu’il accompagna d’une courte critique, soit pour sa propre satisfaction, soit pour l’instruction d’un frère à qui il adresse sa Bibliothèque. « Ce n’est là ni le but ni la méthode des journalistes. Ils parlent des livres nouveaux à mesure qu’ils paraissent ; ils les annoncent d’avance ; ils indiquent en quel pays et en quelle forme ils ont été imprimés ; ils en développent le