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son souverain ; leurs presses infatigables faisaient pleuvoir chaque jour une nuée de pamphlets, d’écrits séditieux, qui tombaient comme autant de fusées incendiaires sur l’antique édifice de la monarchie française. Là s’imprimaient les grands livres de controverse, les projets de réforme politique, les lettres pastorales de Jurieu, et cette terrible gazette, que Bayle appelle le véhicule des médisances de toute l’Europe.

Lorsque la révocation de l’édit de Nantes et les rigueurs qui la précédèrent poussèrent une multitude d’infortunés français loin du royaume, au premier moment le flot fut bien contraint de se partager sans choix entre les territoires hospitaliers, mais bientôt, et autant que les circonstances le permettaient, la tendance que nous avons fait remarquer se manifesta d’une manière très-prononcée, et la partie lettrée de l’émigration afflua toute vers la Hollande. Parmi les hommes de savoir, les uns, théologiens ardents et infatigables, poursuivirent avec un redoublement d’énergie la lutte qu’ils soutenaient en France contre les théologiens catholiques ; d’autres s’appliquèrent à la prédication ; plusieurs, admis dans les académies de Hollande, se livrèrent aux travaux de l’érudition et de l’enseignement ; un très-grand nombre entreprirent la publication de recueils périodiques, graves ou légers, savants ou profanes. Malheureusement les rangs de