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Psalterion, Cithara, qui ne sont que des traductions ou des travestissements de son nom. C’était là un inconvénient très-réel pour le rôle auquel il visait. Les qualités qui tiennent à la personne physique ont beaucoup plus d’influence au moral qu’on ne l’imagine. Les hommes sont ainsi faits : le ton qu’on passe aisément à un homme de haute taille, on ne le pardonne pas de même à un petit. Pope en son temps en sut quelque chose. La Harpe de même. Les auteurs critiqués par lui en vinrent bien souvent à la menace. « On se moque d’un nain qui se piète pour se grandir, écrivait Dorat, et, quand il importune, une chiquenaude en débarrasse. » Un méchant auteur du temps, Blin de Sainmore, passe même pour en être venu aux voies de fait en pleine rue contre La Harpe. Cette brutalité amusa fort la galerie et passa pour un tour de carnaval.

Mais ces grossièretés étaient moins à redouter pour La Harpe que les bons vers et les bonnes épigrammes dont il se vit plus d’une fois l’objet, et dont sa mémoire, jusqu’à un certain point, demeure victime. Jamais, par exemple, à son propos, on n’oubliera ces vers de l’apologie de Gilbert se justifiant de nommer les masques par leur nom :


Si j’évoque jamais du fond de son journal
Des sophistes du temps l’adulateur banal,
Lorsque son nom suffit pour évoquer le rire,
Dois-je, au lieu de La Harpe, obscurément écrire :