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Le moyen d’arriver à cette crise déplorable, c’est, pour eux, d’épouser les haines des gens de lettres de profession, qui invoqueraient jusqu’au secours du tonnerre contre des rivaux qui n’ont pas pour eux la considération à laquelle ils prétendent. Boileau l’a dit,

Qui n’aime point Cotin n’estime point son roi,
Et n’a, selon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi.

Suspendu le 4 juin, à la demande du comte de Lusace, frère de la princesse Christine, le Journal de Paris reparut le 27, mais, disent de leur côté les Mémoires secrets, « grevé d’une forte pension en faveur de Suard, intrigant qui, sans rien faire, se fourre partout, et s’est fait donner le titre de réviseur général de cette feuille, pour prévenir le retour d’une indiscrétion pareille à celle qui a motivé la suspension. »

La Correspondance secrète mentionne à ce propos une particularité qui mérite que nous la rapportions. Elle confirme d’abord, à son point de vue, le récit des autres chroniqueurs : « On dit que le Journal de Paris est laissé aux mêmes entrepreneurs, auxquels on a imposé des lois sévères dont ils ne pourront point s’écarter, et, afin que le goût préside à leur rédaction, on leur a nommé un réviseur homme de lettres, M. Suard, de l’Académie française, qui sera juge compétent et impartial de tout ce que les circonstances permettront d’admettre ou ordonneront de rejeter. » Puis elle ajoute :