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iii
PRÉFACE.

qualités comme par ses défauts, est fait pour rebuter le traducteur le plus habile et le plus opiniâtre. »

En présence de ces témoignages dont on ne saurait mettre en doute la grande autorité, nous n’avons qu’à répéter de nouveau que notre version est à la fois plus et moins qu’une traduction. Celle du cours d’Esthétique est plus littérale que la nôtre, et si M. Bénard voulait en donner une semblable de la logique, nous serions les premiers à nous en réjouir ; nous aimons même à espérer que le disciple français de Hégel, s’il me permet de lui donner ce nom, entreprendra tôt ou tard cet important travail s’il croit pouvoir le conduire à bonne fin. Loin de vouloir dire par là que sa traduction de l’Esthétique laisse quelque chose à désirer, nous voulons au contraire faire observer que la logique, et surtout la logique objective de Hegel, offrent de plus grandes difficultés que les autres parties de sa philosophie, ainsi que M. Bénard l’a reconnu lui-même lorsqu’il les a comparées.

Le public, qui s’inquiète peu de ces difficultés, répond à cela : « Que me fait la logique ? Je n’en veux pas plus que de la métaphysique ; et si celle de Hegel est aussi métaphysique, je n’en veux doublement pas ! »

Mais quand bien même la philosophie de Hégel serait fausse, elle vaudrait encore mieux que toutes les autres, parce qu’elle résout plus vite ces objections. Avec autant de simplicité que de raison, son auteur prouve très-bien que la métaphysique est tout à fait inévitable. « Quand un botaniste, dit-il, un médecin, un mathématicien ou un savant quelconque parle d’une force ou de la matière, etc., il peut bien croire qu’il est hors de la métaphysique, mais en vérité cela n’est pas, car en prononçant ces mots il y est en plein cœur, et ce qui est pis, il ne le sait point. » Hegel a insisté plus d’une fois sur cette incontestable vérité. Il est évident, en effet, que si l’ensemble des lois de la nature constitue la physique, l’intelligence même de ces lois constitue la métaphysique, ou en d’autres termes, que sous le nom de notions métaphysiques on comprend l’analyse de toutes nos autres notions. Quand on dit qu’on ne veut point de la métaphysique dans les sciences, cela veut dire qu’on n’aime point les questions métaphysiques qui sont douteuses, mais seulement celles qui sont bien sûres. Et cela est sans contredit fort sage ; mais la limite