Page:Hegel - La Logique subjective, Ladrange, 1854.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
REMARQUES.

qu’un point. Ce n’est pas une ligne droite infinie, ainsi qu’on aime à se le figurer ; c’est, au contraire, un centre, un point, un moment ; il est l’instant qui est, le moment actuel. Le passé et l’avenir n’existent pas, puisque l’un a cessé d’être et que l’autre n’est pas encore. Dans cette manière d’envisager le temps, on ne peut donc pas le figurer par une ligne droite infinie des deux bouts, ou même d’un seul dont l’autre a pour limite le présent ; mais plutôt comme un centre ou un point autour duquel se groupe l’univers. Un poëte l’a nommé une bague que tient suspendue la volonté de Dieu et dans laquelle, par son ordre, l’espace infini est sans cesse obligé de passer en se repliant sur lui-même et en se concentrant.

Cette antithèse fondamentale de l’absolu, se déployant dans l’espace et se reployant dans le temps, se représente à nous dans tous les ordres de réalité qui nous entourent ; et le rapport qui s’établit entre les deux extrêmes de cette antithèse, entre l’expansion et la concentration, reparait dans tous les êtres, mais avec une prépondérance de plus en plus grande de la concentration, à mesure que l’ordre des existences est plus élevé, plus parfait ou plus voisin de Dieu. Ainsi, l’expansion restant la même, la force de concentration est bien plus grande dans l’animal que dans la plante ; et l’homme, placé bien au-dessus de ces êtres inférieurs auxquels cependant on peut déjà donner le nom d’individus, l’homme, qui a seul le droit de se dire un sujet, se sent doué d’une puissance de centralisation si intense qu’il se croit doué de libre arbitre, ou en d’autres ter-