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REMARQUES.

mes, qu’il se croit un centre tout à fait maître de sa périphérie.

Mais si l’on n’aime pas généralement à mettre le temps et l’espace au-dessus des autres catégories, cela vient de ce qu’en partant de là, on se trouve en présence d’un dualisme qui semble exclure l’unité de système. Il se pourrait, en effet, que le rapport entre le temps et l’espace fût le principe et la fin de toutes choses, le premier et le dernier mot de l’énigme que nous cherchons, et c’est ce que la philosophie constate en s’occupant d’une manière spéciale de ces deux catégories. C’est bien ce qu’a fait Kant, et c’est en ce sens qu’il faut revenir au kantianisme. La philosophie de la nature renouvelée par Schelling ne fait pas non plus autre chose, puisqu’elle nous force à reconnaître que le temps et l’espace sont les premières formes ou les plus importantes de toutes, et que Dieu étant l’unité et le monde la variété, le développement de l’unité en variété, comme le retour de la variété à l’unité, s’accomplissent dans les formes nécessaires de l’espace et du temps.

Si par une hypothèse impossible, mais effrayante à concevoir, on suppose que le temps cessant d’exister, l’espace demeure seul dans le monde, alors l’absolu s’étant éparpillé et pour ainsi dire démembré dans toutes les parties de l’espace afin de donner une existence propre à chacun de ses attributs, la connexion entre ses membres serait détruite, la conscience du tout serait perdue, et l’absolu ne se retrouverait point. Car il n’y a de mouvement et de vie que dans le temps, qui