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REMARQUES.

fait que tout être se transforme et se hâte d’arriver au moment actuel qui seul existe. Dans un monde, au contraire, ou l’espace subsiste seul sans le temps, tout paraît s’arrêter et s’immobiliser. Avec lui nous avons la séparation, l’isolement et la mort ; avec le premier, la continuité, le mouvement et la vie. Et bien que ces hypothèses ne soient peut-être pas admissibles, il n’en est pas moins vrai qu’il faut avant tout, à l’aide de ces suppositions ou de toute autre de même nature, tâcher de mieux saisir et de mieux comprendre le rapport qui existe entre ces deux catégories fondamentales, dans lesquelles le monde a commencé et se développe encore tous les jours, et qui embrassent tout notre être.

La philosophie contemporaine ne leur donne pas l’importance qu’elles méritent. Dans sa logique subjective, qu’on a nommée une définition des attributs de Dieu antérieurs à la nature, Hegel semble n’en rien dire ; et si dans une autre partie de sa philosophie, qu’il appelle philosophie de la nature, il débute par l’antithèse de l’espace et du temps, affirmant que la matière est le fruit de leur union, cependant il commet l’erreur de placer sur la même ligne la matière et ses deux principes. D’où il suit que son système semble pouvoir négliger, non-seulement ces deux principes dès qu’ils ont enfanté la matière, mais encore toute analogie tirée de leurs rapports.

Nous n’échappons pas, en réalité, aussi aisément aux catégories de temps et d’espace, et nous n’avons pas le droit de les mettre ainsi de côté après n’en avoir parlé que dans l’introduction de notre philosophie. Elles nous