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REMARQUES.

supprimons ces analogies et ces exemples de l’œuf ou du germe se développant dans l’espace et dans le temps, le mot de développement n’a pins de sens et devient insaisissable. D’où il suit qu’en généralisant cette remarque, nous pouvons dire que toute philosophie, même en supposant qu’elle ait pu commencer tout à fait à priori sans tenir aucun compte de l’espace et du temps, y retombe forcément dès qu’elle fait voir que ce qu’elle a posé d’abord se développe ou devient ce qui suit, puisque l’idée du développement ou du devenir se tire de l’espace et du temps.

Ainsi Hégel, dans sa philosophie, s’il fallait le prendre à la lettre, ne commencerait réellement point par ces deux catégories, puisque sa première trilogie devenue si fameuse n’en dit rien. Elle pose que l’Être est aussi le Rien, et que la vérité de tous les deux est le devenir. Mais puisqu’il a d’abord établi le devenir comme un développement ou un mouvement de l’Être au néant et du néant à l’Être, il est clair que c’est bien en réalité la notion d’espace et de temps que nous avons en nous qui nous permet de comprendre ce qu’il veut dire. Car nous ne concevons le mouvement que dans l’espace et le temps ; hors de là ce mot n’a plus de sens et ne nous apporte aucune idée. Cette remarque est d’autant plus importante que toute la vérité et l’originalité de sa philosophie reposent sur cette première trilogie, et que sa gloire comme sa conquête est d’avoir mis le devenir au premier rang, que l’Être occupait avant lui. Or, nous venons de le voir, cette détrônisation de l’Être et cette élévation du devenir ne s’est point faite sans le con-