Page:Hegel - La Logique subjective, Ladrange, 1854.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
REMARQUES.

non-moi auquel il ne peut atteindre que par la volonté ou par la pensée. Pouvoir connaître et porter son action dans le non-moi, sont deux perfections qui nous élèvent au-dessus des animaux ; mais en cela il y a encore l’imperfection de n’être pas le non-moi, et de n’avoir avec lui que des rapports éloignés de connaissance ou d’influence active, sans pouvoir arriver jusqu’à son Être ou sans être lui.

Car si nous étions les choses que nous connaissons, le savoir, qui n’existe que par l’antithèse du moi et du non-moi, aurait disparu. Le moi, qui n’est dans l’homme qu’un petit centre n’occupant qu’un point isolé, est en Dieu le centre de l’univers ; ou plutôt l’univers est son Être, et par conséquent il n’a point de non-moi à côté de son moi. D’où il suit que la valeur infinie qu’acquiert en lui la catégorie de l’Être, fait évanouir et disparaître la catégorie du savoir. La distinction du moi et du non-moi en Dieu, s’il l’a fait, n’a pu lui plaire qu’après coup, par un déplacement du centre dans sa périphérie, c’est-à-dire dans le temps et dans l’espace ; mais alors la conscience du tout ou le retour au centre, ne saurait jamais lui être impossible, ni même d’aucune difficulté, comme sont obligés de le soutenir ceux qui prétendent qu’il y a des qualités dont il ne s’est primitivement approché et dont il ne s’approche encore qu’avec sa volonté ou sa pensée, et point avec son Être.