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REMARQUES.
VII.

En imposant des noms aux choses, le langage pose donc des sujets sans prouver qu’il en a le droit. Le sujet qui parait seul mériter ce titre est l’homme. Mais, lui aussi cependant, est tellement dépendant des êtres qui l’entourent, et ses rapports avec le monde lui sont si nécessaires, que l’intelligence et la conscience, qui constituent réellement son moi, ne se seraient point fait, jour s’il n’était sans cesse en relation avec ses semblables, et que les idées du bien et du vrai n’auraient jamais pu se manifester s’il avait été seul. Car il n’existe pour lui de devoirs, à proprement parler, que ceux qu’il a envers les autres, et l’on voit par là que le développement de la volonté, soumis aux lois de la morale et de la vertu, serait parfaitement impossible s’il vivait solitaire, ou du moins que tous ses devoirs se réduiraient à ceux qu’il a envers Dieu, et ce qui est la même chose, envers lui-même, lesquels, dans ce cas, seraient la seule loi de toutes ses actions, en admettant qu’on put encore donner à ses actes solitaires le nom d’actions. Et de même que pour les actions ou pour l’exercice de la volonté, il faut absolument, comme nous venons de le dire, le concours de plusieurs sujets, il le faut aussi et peut-être avec la même nécessité, pour les opérations de l’entendement. L’homme, en effet, qui vivrait seul sur la terre ne parlerait point, et par conséquent il n’aurait point de langage, et ses idées ne se développeraient pas comme les nôtres, puisque la plupart de nos