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LOGIQUE SUBJECTIVE.

dividuelle est élevée à la sphère de son prédicat, et que le prédicat ou le général, à son tour, est mis en existence ou réalisé par le sujet. L’objet caractéristique de tout jugement est donc de faire apparaître chaque chose sous son double aspect, ou comme étant à la fois individuelle en soi et générale dans l’Idée.

Croirait-on que les logiciens n’ont jamais remarqué cette vérité, pourtant bien manifeste, que tout jugement exprime qu’une chose spéciale ou individuelle, prise pour sujet, est une généralité quelconque prise comme prédicat. S’il en est ainsi, il faut reconnaître qu’une énonciation, qui décrit une chose individuelle en signalant des caractères servant à la faire reconnaître, sans exprimer aucune généralité, ne constitue pas un jugement, ce qui est également bien manifeste. Ainsi quand on dit : Aristote est mort dans la quatrième année de la cent quinzième olympiade, âgé de soixante-treize ans ; ou bien : César est né à Rome ; il a fait la guerre des Gaules pendant dix ans et a passé le Rubicon, etc. ; l’ensemble de semblables énonciations ne constitue pas une proposition ou un jugement ; et il est étrange de voir les logiciens se donner une peine infinie et transcrire ces dénombrements de mille manières pour en tirer quelque chose qui ressemble à un jugement. Ils se croient même obli-