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DES JUGEMENTS.

gés de décomposer et de travestir tant bien que mal, en forme de jugements, des phrases comme celle-ci : J’ai bien dormi ; portez armes ; une voiture passe sur le pont, etc. Sans doute, ces énonciations peuvent être, en certains cas, des jugements, comme lorsqu’il y a une incertitude ou un doute à lever, et que l’on demande : Est-ce une voiture qui passe sur le pont ? ou bien : Cette voiture, qui paraît avancer, est-elle réellement en mouvement ? Est-ce elle qui se déplace ou nous qui marchons ? Dans tous ces cas qui proposent un doute, il y a nécessairement l’expression d’une proposition ou d’un jugement pour le moins subjectif.

Il ne faut donc point confondre deux choses essentiellement distinctes : les énonciations, dans lesquelles une chose individuelle se trouve déterminée par une notion générale, constituent seules un jugement ; les autres ne méritent pas ce nom et sont de simples dénombrements. Nous devons nous rappeler, à ce propos, que, dans l’étude des notions, nous avons aussi rencontré de prétendues notions dites individuelles par les logiciens, mais qui, dans la réalité, ne méritaient pas ce nom.

Tout jugement embrasse donc la double nature des choses, c’est-à-dire leur individualité d’une part, et d’autre part leur généralité ou le rapport intime et né-