Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/110

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homme et de cette femme, qui se seroient peut-être détestés s’ils fussent restés à Paris. L’un des deux vient-il à périr ? l’autre a réellement perdu la moitié de lui-même ; nulle douleur égale à sa douleur : il faut avoir habité l’île déserte pour en sentir toute la violence.

Mais, si la force de l’amitié est toujours proportionnée à nos besoins, il est par conséquent des formes de gouvernement, des mœurs, des conditions, et enfin des siecles, plus favorables à l’amitié les uns que les autres.

Dans les siecles de chevalerie, où l’on prenoit un compagnon d’armes, où deux chevaliers faisoient communauté de gloire et de danger, où la lâcheté de l’un pouvoit coûter la vie et l’honneur à l’autre ; alors, devenu par son propre intérêt plus attentif